
En réinvestissant l’espace, Citroën a souhaité remettre à l’honneur le bâtiment historique du 42 Champs-Elysées, formidable vitrine de communication de la Marque.
Le constructeur automobile a entrepris une démarche architecturale d’exception. Une contrainte : conserver à la façade, sa fonction de « vitrine originelle ».
Objectif : Privilégier l’intégration urbaine de ce bâtiment tout en préservant sa véritable singularité, faire de ce lieu un endroit chaleureux et convivial, mais aussi résolument moderne.
Innovation oblige, la vitrine Citroën est la toute première construction neuve sur les Champs Elysées depuis 32 ans.
Le C42 est un projet ambitieux, un concept intelligent, une réalisation à la pointe de la technique.
Un projet architectural créatif, innovant, privilégiant l’intégration urbaine A l’issue d’un concours d’architecture, mené à l’échelle internationale et où les grands noms du secteur se sont mobilisés, c’est Manuelle Gautrand qui, en septembre 2002, fait l’unanimité autour d’un projet qui se devait d’être une interprétation de la Marque et se structurer autour des maîtres mots : créativité et innovation.
Le projet est une « réinterprétation de la façade historique, imaginée par André Citroën dans les années 1930 », avec, au centre de l’édifice, une mise en scène des véhicules à travers une «spirale en mouvement », l’arbre à voitures composée de huit plateaux tournants superposés, fixés à un mat vertical.
Faire le lien entre le passé, rappelé par la surface plane du bâtiment d’origine, et le futur, symbolisé par les chevrons qui s’envolent, telle est l’ambition du bâtiment dont la façade s’élève en transparence sur une hauteur de 25 mètres.
Le projet proposé par l’architecte s’articule autour de trois idées fortes :
- l’innovation, qui est une caractéristique à Citroën,
- la scénographie intérieure, qui met en lumière l’activité du constructeur automobile avec l’exposition de 8 véhicules,
- l’utilisation des chevrons, emblème de la Marque,
La virtuosité verticale de l’édifice se met au service d’une histoire. Pour Manuelle Gautrand, « l’intérieur met en scène les voitures, l’extérieur raconte une marque. »
La sculpture de plateaux, avec une mise en scène des véhicules de la Marque toute en verticalité, donne au lieu toute sa magie, sa féérie, sa poésie. L’enveloppe extérieure, des surfaces planes aux chevrons qui se démultiplient, interpelle les passants.
Tout, dans la façade, dit les racines de Citroën, son ancrage dans le présent et sa projection dans le siècle à venir.
Des aspects architecturaux tout en modernité, Voltige aérienne
Le C42, c’est avant tout une prouesse architecturale, une réussite technique exceptionnelle, effectué dans un site soumis à une réglementation drastique.

L’architecte, Manuelle Gautrand, a réussie à sublimer cet espace avec la mise au point d’une scénographie utilisant la verticalité sur une surface occupant 12 mètres de large, et 30 de profondeur.
Selon Manuelle Gautrand, « l’équation est rendue possible dès lors que l’on optimise l’espace, dans ses moindres recoins, et que l’on utilise des matériaux qui permettront de faire entrer la lumière. »
Pour cela, une résille de verre et d’acier, de 86 tonnes, enveloppe littéralement le bâtiment. Sa surface vitrée (650 mètres carrés), d’une découpe originale, épouse intégralement les tours et les contours de la construction depuis sa partie visible en façade, coté avenue, jusque dans l’arrière cour. Chaque facette vitrée, qui compose l’enveloppe, est différente des autres et donc unique.
Ce chef d’oeuvre technique et esthétique, est, à l’instar des bâtiments voulus par son fondateur, André Citroën, un édifice autoporté. Non seulement le bâtiment n’est pas solidaire des immeubles voisins, mais qui plus est, la résille de verre est indépendante de la charpente métallique. L’enveloppe est en effet posée sur la charpente par l’intermédiaire de roulements permettant un déplacement latéral de 6cm de chaque côté, tenant compte ainsi des variations de températures.
La résille de verre est donc entièrement glissante par rapport à la structure du bâtiment. Pour Manuelle Gautrand, « le C42 est une allégorie du design automobile ».
Pensée comme une carrosserie, cette enveloppe multiplie les références au monde automobile, avec notamment le travail sur la fluidité des lignes et la sophistication des techniques de construction.

Un grand Origami
« C’est aussi un grand origami … » C’est en ces termes que l’architecte aime à définir son oeuvre, en référence à ces pliages japonais : plane à son origine, la façade s’organise ensuite en 19 pyramides de verre, de dimensions variables, s’échappant à mi-hauteur, en saillie du bâtiment avec des débords de 50 à 70 centimètre en saillie.
Les deux chevrons emblématiques de la marque se déclinent à l’infini, en une envolée de triangles de verre.
Les différents modules, de 4 à 6 tonnes chacun, ont été fabriqués en ateliers et assemblés par des équipes hautement spécialisées. Un matériau unique permet d’atténuer le rouge des chevrons le jour et de les faire apparaître d’un éclat nimbé la nuit.

Un univers onirique qui se prolonge à l’intérieur
A l’intérieur se découvre l’atrium, ou tout ici parle de modularité, de mobilité et de luminosité. Dès l’entrée, le regard plonge sur le mât central, structure métallique sur laquelle s’accrochent les plateaux tournants où sont exposés les véhicules. Les visiteurs s’enrouleront autour de « cette sculpture en mouvement », en remontant d’étages en paliers, jusqu’à la coupole de verre.
La symbolique de l’ensemble est tout à la fois une ode aux manèges de notre enfance, et au rêve éveillé d’un enfant jouant avec son garage…grandeur nature !
La technique mise en oeuvre pour scénographier les voitures est issue du monde du spectacle : les voitures sont placées sur les présentoirs grâce à un « monte-décor », qui disparaît au sous-sol une fois les voitures en place.
Traversé de part et d’autre par un éclairage naturel, le jour, et par des jeux d’éclairages la nuit, le tout dans un sobre camaïeu de rouge et de blanc, le décor tourne, pour Manuelle Gautrand, autour d’un seul objectif : « découvrir, voir et comprendre l’Automobile selon Citroën.. »
Une scénographie intelligente, un décor épuré et sobrement travaillé.
MANUELLE GAUTRAND, L’ARCHITECTE DU C42
Manuelle Gautrand est née en 1961 et diplômée d’architecture en 1985, elle créé son agence en 1991 et s’impose dans le peloton de tête des architectes français.
Manuelle Gautrand est l’architecte de nombreux bâtiments déjà construits comme un théâtre à Béthune ou un pôle culturel à Saint-Louis, des logements HQE à Rennes ou encore des gares de péage sur l’Autoroute A16. Plusieurs chantiers importants sont en cours comme la Cité des Affaires de Saint-Etienne, le musée d’Art Moderne de Lille ou la transformation de la Gaîté-Lyrique à Paris en un centre dédié aux musiques actuelles.
Son agence a récemment participé à la consultation internationale de la Tour Phare à la Défense à Paris et travaille actuellement sur plusieurs projets à l’étranger, en Thaïlande, au Danemark et au Vietnam entre autre.
Fréquemment publiée et exposée, en France et en Europe, Manuelle Gautrand est déjà lauréate de plusieurs prix, parmi lesquels : le Prix des Albums de la Jeune Architecture en 1992, le prix international Bénédictus Awards en 1999, le prix Architecture et Maître d’Ouvrage (A.M.O) en 2000, ou la grande médaille d’argent de l’Académie d’Architecture session.
Plusieurs ouvrages monographiques ont déjà été consacrés à son travail. Manuelle Gautrand mène en parallèle une activité de conseil et d’enseignement.

FOCUS
Le C42, un chantier hors du commun en quelques dates et chiffres…
- Mars 2004 : Début des travaux de démolition,
- Décembre 2004 : terrassement et fondations,
- Février 2005 : Installation de la Grue et pose de la Charpente (octobre),
- Novembre 2005 : installations des chevrons de la façade.
- Février à Mai 2006 : pose de l’enveloppe de verre,
- Août 2006 : début des travaux d’intérieur
- Septembre 2007 : ouverture du C42
… A retenir….
- 30 mètres : hauteur du bâtiment,
- 12 mètres : largeur du bâtiment,
- 2 chevrons de 11 mètres de hauteur, 3.5 mètres de large,
- 650 m2 de surface vitrée,
- 1200 m2 de surface totale au sol,
- 5 mois : durée de l’assemblage de la résille de verre
- Citroen Belux - aussi photos